Comment réguler ses émotions ?

Emilie Lacape

6/19/20247 min read

Gérer ses émotions

Imaginez un instant que vous êtes sur une plage. Debout au solei, face à l'océan, vous fermez les yeux. Vous entendez la mer qui va et qui vient, tandis que le sable chaud s'écoule entre vos doigts... et soudain, une vague vous surprend.

Une émotion, c'est un peu comme cette vague. C'est une réponse intérieure à ce que vous êtes en train de vivre en lien avec le monde extérieur (dans une discussion), ou dans votre monde intérieur (un souvenir, une pensée).

Une émotion se traduit par des sensations physiques (la boule dans la gorge lorsqu'on est triste, le coup de poing dans le ventre quand on a peur, les papillons dans le ventre quand on est amoureux), des réactions physiologiques (le cœur qui bat plus vite sous l'excitation, les mains moites quand vous êtes nerveux, ou encore les larmes qui coulent quand vous êtes triste), et une extériorisation physique (un sourire, un froncement de sourcils, un éclat de rire).

Le problème, c'est que parfois, les émotions sont trop fortes, se déclenchent au mauvais moment pour de mauvaises raisons, nous privant sur le moment de notre capacité de jugement, et nous précipitant dans des comportements inadaptés qui peuvent avoir des conséquences problématiques...

D'où l'importance d'apprendre à gérer ses émotions (ou plutôt, d'apprendre à les réguler) pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle.

"Réguler" plutôt que "gérer" ses émotions

Si vous regardez dans un dictionnaire, le verbe "gérer" veut dire "assurer l'administration d'un bien, d'un commerce ou d'une fortune".

Personnellement, je ne considère pas mes émotions comme un bien, ou un commerce. Si j'étais comédien(ne), acteur(rice), chanteur(se), ou tout autre métier qui repose en grande partie sur la faculté de jouer avec ses émotions, alors l'idée de "gérer mes émotions", de "maîtriser mes émotions" aurait du sens.

Pour le commun des mortels, les émotions ne sont pas des outils, mais des signaux qui ont une réelle utilité. Elles sont à la fois un signal d'alerte (la peur peut nous avertir d'un danger imminent), une incitation à l'action (le dégoût peut nous empêcher de manger quelque chose de potentiellement toxique), et un facilitateur de communication (une personne qui sourit invite à l'interaction).

Lorsqu'elles sont déréglées, lorsque nous subissons régulièrement des débordements émotionnels, les émotions ne jouent plus leur rôle, et leur impact peut être négatif sur notre vie. Il est donc important d'apprendre à les réguler, c'est-à-dire d'apprendre à vider régulièrement le trop-plein pour éviter les fuites inopinées.

Le cercle vicieux des débordements émotionnels

Dans notre quotidien, nous sommes constamment confrontés à des situations qui suscitent des émotions variées et parfois très intenses. C'est formidable lorsqu'elles sont positives, mais la plupart du temps, les émotions qui nous perturbent sont négatives.

Certes, en cas d'hyperémotivité, positive ou négative, on vit chaque émotion avec une telle intensité qu'on plonge sans cesse d'un extrême à l'autre, ce qui est aussi épuisant pour l’équilibre psychique que pour l'équilibre physique.

Mais on peut aussi être souvent submergé par la même émotion, et de manière inappropriée : c'est par exemple la tristesse qui provoque soudain un torrent de larmes en plein rendez-vous business, ou lors d'une réunion de parents à l'école.

Ou bien c'est la peur qui, nous saisissant à la gorge, nous pousse à des comportements irrationnels, pouvant nous faire prendre des risques bien plus grands que ceux qui l'ont provoquée (c'est le cas des phobies).

Ce peut aussi être la colère qui nous fait sortir de nos gonds, nous poussant à prononcer des paroles blessantes, provoquer des conflits ou avoir des gestes violents.

Quelle que soit l'émotion qui submerge, le problème reste entier : plus vous cherchez à contrôler l'émotion, plus c'est l'émotion qui prend le contrôle.

Et à moyen terme, quand on est régulièrement submergé par ses émotions, ces émotions s'accumulent et créent une tension interne latente prête à jaillir à la moindre occasion. Un peu comme le vase plein que la moindre goutte fait déborder.

Les conséquences d'une mauvaise régulation émotionnelle

Quand le vase est plein, du fait de l'accumulation des charges émotionnelles, cela crée une tension interne et un stress chronique qui a de nombreux effets sur notre organisme et notre santé. On le sait, le stress chronique augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de troubles digestifs et de dépression. Des émotions intenses et persistantes peuvent également provoquer des maux de tête, des troubles du sommeil et des douleurs musculaires. Enfin, le stress chronique affaiblit notre système immunitaire...

L'équilibre psychique, la santé mentale sont également impactées par l'accumulation des charges émotionnelles. Lorsqu'on est régulièrement submergé par des accès colériques, des accès de tristesse, ou même de culpabilité, il n'est pas facile de profiter de la vie. Les activités quotidiennes, qui devraient être une source de plaisir, peuvent devenir accablantes.

A long terme, une mauvaise régulation émotionnelle affecte également nos capacités réflexives, notre capacité à nous concentrer, à prendre des décisions et à accomplir nos tâches, entraînant une diminution de notre productivité et de notre niveau général d'activité.

Enfin, sans une bonne régulation émotionnelle, nos réactions impulsives risquent fort de prendre le dessus. Et ces réactions impulsives ne sont généralement pas les meilleures : ce sont elles qui nous font dire des choses blessantes dans un moment de colère, prendre des décisions hâtives sous l'emprise de l'angoisse, se mettre réellement en danger sous le coup de la peur, ou pleurer dans un moment inopportun.

Enfin, nos relations interpersonnelles sont souvent directement affectées par notre capacité à gérer ou non nos émotions. Les conflits à répétitions, les malentendus, les rancunes et les ruptures relationnelles sont bien souvent le résultat d'émotions mal gérées et d'accumulation de réactions impulsives.

Les bienfaits d'une bonne régulation émotionnelle

Faire de la régulation émotionnelle, c'est comme vider régulièrement le vase, pour qu'il ne soit jamais plein. C'est apprendre comment gérer ses émotions sur le moment, et apprendre dans le long terme à canaliser ses émotions. Avant de lancer quelques pistes pour savoir comment s'y prendre, il est important de comprendre ce que cette régulation émotionnelle peut vous apporter.

Apprendre à réguler ses émotions est en premier lieu essentiel pour une bonne santé mentale. Réguler ses émotions permet de réduire le stress et l'anxiété, prévenir la dépression et tout simplement améliorer l'humeur générale. Les personnes qui savent gérer leurs émotions sont souvent plus résilientes face aux défis de la vie, et capables de rebondir plus rapidement après des événements stressants.

Une bonne régulation émotionnelle contribue également à développer des relations saines, harmonieuses et satisfaisantes. En comprenant et en maîtrisant nos émotions, nous pouvons éviter les conflits inutiles, communiquer de manière plus claire et empathique, et renforcer ainsi nos relations avec les autres. Cela crée un environnement plus serein et encourage des interactions positives, dans la sphère amicale, intime, professionnelle et familiale.

De manière générale, une bonne régulation de ses émotions permet d'être plus efficace. Lorsqu'aucune vague émotionnelle ne vient prendre en otage nos capacités réflexives, il est plus facile de se concentrer sur ce qu'on est en train de faire, donc on devient plus efficace et on atteint ses objectifs plus facilement. Enfin, une bonne gestion des émotions favorise la créativité et la résolution de problèmes, des compétences essentielles dans de nombreux domaines de la vie.

Comment réguler ses émotions ?

La première étape pour apprendre à gérer, ou réguler ses émotions, est de prendre conscience consciences de ses émotions. Apprendre à reconnaître et identifier ses émotions n'est pas si évident, contrairement à ce qu'on pense. Souvent, lors de débordements émotionnels, l'émotion la plus récurrente sert à cacher d'autres émotions. La colère sert ainsi bien souvent à cacher la peur... Tenir un journal de ses émotions fortes peut aider à repérer les situations qui déclenchent des émotions intenses, identifier les pensées qui les accompagnent, et prendre conscience de ses propres réactions.

La méditation en pleine conscience, ou mindfulness, peut être d'une grande aide, non seulement en focalisant sa capacité d'attention et de discernement sur toutes les composantes de l'instant présent (pensées, émotions, sensations physiques, environnement). La pratique de la pleine conscience consiste donc à constater ce qui est présent, et l'accepter sans porter de jugement. Elle permet d'observer ses pensées et ses émotions avec une certaine distance, sans chercher à les entretenir ni à les repousser. Des exercices de respiration, de méditation et de relaxation peuvent être intégrés dans la routine quotidienne pour améliorer la régulation émotionnelle.

Il existe de nombreuses autres techniques aidant à calmer le corps et l'esprit, facilitant ainsi une meilleure gestion des émotions intenses, et notamment son stress. Parmi celles-ci, on trouve des exercices de respiration profonde (par exemple cohérence cardiaque, respiration en carré), la visualisation, ou les activités physiques comme le yoga et le sport, qui permettent de décharger les émotions accumulées tout en faisant circuler les énergies.

Apprendre à réguler ses émotions avec un thérapeute

Si les émotions prennent trop de place dans votre vie, vous les considérez peut-être comme des ennemies dont vous vous méfiez. Rappelez-vous qu'il n'y a pas de fatalité : réguler ses émotions s'apprend. C'est une question de méthode.

Si toutes ces émotions, positives ou négatives, sont devenues un problème pour vous, et que ne savez pas par quel bout commencer, vous avez tout simplement besoin d'aide pour commencer à les décharger.

Cela peut arriver lorsqu'il y a eu une trop longue accumulation au fil du temps, ou lorsque des événements traumatiques sont à l'origine de réactions émotionnelles disproportionnées.

Il sera alors plus sécurisant d'apprendre à réguler vos émotions avec l'aide bienveillante et professionnelle de votre thérapeute. En fonction de son approche (Palo Alto, hypnose, TIPI, sophrologie...), votre thérapeute vous aidera à traverser les émotions les plus fortes pour les dépasser une fois pour toutes. Une fois que cette décharge émotionnelle vous aura permis de retrouver l'apaisement, votre thérapeute vous apprendra des techniques pour canaliser et réguler au quotidien vos émotions, afin d'aborder l'avenir plus sereinement.

Enfin et surtout, votre thérapeute vous aidera à vous prendre conscience que, lorsqu'elles sont bien régulées, vos émotions sont vos meilleures alliées.

Conclusion : réguler vos émotions pour en faire vos alliées

Une émotion est une réponse naturelle et immédiate à ce que nous vivons. Un mélange de sensations internes, de réactions physiques, de comportements visibles.

Nos émotions ont une réelle utilité. Elles sont là pour nous protéger, nous guider et nous aider à nous connecter aux autres.

Apprendre à réguler ses émotions demande du temps et de la pratique, mais cela va transformer votre vie en profondeur, tant au niveau personnel que relationnel.