L’école de Palo Alto
Palo Alto ?
L'École de Palo Alto est un courant de pensée qui s'est développé à partir des années 1950 à Palo Alto, en Californie. Autour du chercheur Gregory Bateson, d'autres personnalités issues de différents formations universitaires comme Paul Watzlawick et Jay Haley ont conçu une façon originale d'analyser et de résoudre les difficultés humaines. En effet, l'Ecole de Palo Alto considère que les difficultés humaines résultent non tant d'un problème lié aux individus eux-mêmes, qu'aux interactions dysfonctionnelles qu'ils entretiennent avec eux-mêmes, avec les autres, avec le monde. Rapidement, ce modèle de résolution des problème s'est imposé comme une référence en matière de thérapie brève, thérapie conjugale et thérapie familiale.
Le changement ici et maintenant
Pensée en réaction contre les psychanalyses interminables, l'Ecole de Palo Alto a été la première approche thérapeutique à concevoir dans les années 1960 une thérapie en un nombre limité de séances. Pour les partisans de l'approche de Palo Alto, le passé et les traumatismes de jeunesse ont bien sûr un rôle dans les difficultés qu'on peut rencontrer. Mais ce n'est pas en faisant un détour dans le passé qu'on résout le plus rapidement les problèmes du présent. En effet, si on se noie, est-ce le moment de se demander pourquoi on n'a jamais appris à nager... ou de trouver comment regagner la rive ? L'École de Palo Alto va droit à l'essentiel en s'activant à trouver les moyens de sortir concrètement de vos difficultés, et le travail thérapeutique se concentre sur l'objectif à atteindre.
Comprendre et agir autrement
Face à une situation difficile, l'expérience et le bon sens poussent à faire certaines choses pour la contourner ou la dépasser. L'Ecole de Palo Alto invite à questionner l'efficacité réelle de ces tentatives de régulation. Ainsi, plus on cherche le sommeil, plus il nous échappe. Plus on évite de penser à quelque chose, plus ça nous submerge, et ainsi de suite : ce qu'on fait pour mettre fin à nos problèmes contribue, bien malgré nous, à les entretenir et empirer la situation. Au-delà des prises de conscience, la spécificité de l'approche systémique et stratégique est de se concrétiser dans des actions appropriées pour sortir de l'impasse. Entre deux séances, je vous invite à faire des exercices d'observation, de réflexion, parfois même à mettre en place des actions. En fonction des changements survenus, nous réajustons l'accompagnement au fur et à mesure pour atteindre votre objectif.
Une vision systémique des difficultés
Une thérapie ou psychothérapie selon le modèle de Palo Alto ne repose pas sur des idées préconçues sur ce qu'il faudrait faire pour dépasser tel trouble du comportement, tel type de conflits récurrents, ou reprendre confiance en soi. Elle considère au contraire que chaque cas est singulier, et ce qui sera la solution de l'un ne conviendra pas à un autre. Pour trouver des solutions adaptées, une thérapie systémique commence par l'exploration des manifestations concrètes des difficultés, et des façons dont nous tentons de les dépasser. Ainsi, au lieu de se demander "pourquoi" (Pourquoi je suis comme je suis, pourquoi je fais ce que je fais), on se demande surtout "comment" (CComment je tente de faire face à ces difficultés ; comment les autres tentent de m'aider ou au contraire interfèrent avec mes efforts). L'objectif de comprendre que, en dépit du bon sens, des conseils bienveillants ou de l'éventuelle aide d'autrui ; tout ce qui a été fait jusqu'ici pour régler la difficulté n'a pas fonctionné... et a peut-être contribué à l'installer.
Une approche stratégique de l'action
Le mot "stratégique" peut faire peur. Pourtant, c'est logique : si tout ce qu'on a déjà tenté (ou que l'autre, ou que les autres ont déjà tenté) n'a pas permis de régler le problème... c'est qu'il faut s'y prendre autrement pour en sortir. Agir de manière stratégique signifie tout simplement arrêter de faire ce qui ne marche pas et faire l'inverse pour voir ce qui se passe - c'est ce que l'École de Palo Alto nomme "faire le 180". Au-delà de la théorie, ce mouvement thérapeutique puissamment efficace se traduit par des recommandations précises à mettre en place entre les séances. Et c'est sur les sur cette base que l'accompagnement se réajuste au fur et à mesure.
La responsabilité du changement
En dehors de son efficacité, la raison profonde pour laquelle j'utilise principalement cette approche de la thérapie, est qu'elle permet à chacun de s'approprier la responsabilité du changement. Loin d'être culpabilisante, l'approche systémique et stratégique invite chacun prendre conscience de sa marge de manoeuvre, en faisant la part entre ce qui est hors de notre contrôle, et ce sur quoi on peut agir. Quand on se sent englué dans une relation toxique, quand on a un problème avec son corps ou ses pensées depuis toujours, et qu'on pense être impuissant, ce n'est pas rien, de prendre conscience qu'on peut agir, et de ressentir ensuite tous les bénéfices d'un changement qu'on a soi-même provoqué...
Depuis ses débuts, l'approche systémique et stratégique de Palo Alto est utilisé en coaching professionnel individuel et collectif, notamment dans la gestion des conflits et l'accompagnement au changement. Dans sa version clinique, le modèle a continué d'essaimer, notamment grâce à l'Institut Gregory Bateson qui représente le Mental Research Institute en Europe, mais aussi aux travaux de l'italien Giorgio Nardone, qui a contribué à diffuser l’approche stratégique en Europe dès les années 1980. L'Ecole de Palo Alto est également à l'origine de la psychothérapie dite IFS (Internal Family System) développée par Richard Schwartz dans les années 1990.
Une approche en constante évolution
© Emilie Lacape 2023